dimanche 27 mai 2007

SofiaCoppoleries ou les transparences capiteuses de la culture Indie



Mes longues conversations electroniques avec la teck mob (population plutôt urbaine et branchouille) m'ont confirmé dans ce sentiment diffus selon lequel nous achetons plus des produits culturels comme des attributs de définition socio-culturelle que comme des objets de découverte et d'enrichissement intellectuel.

La mouvance pop-indie (pour indépendante, par opposition au
Mainstream) propose ainsi des objets culturels (disques, films, livres) qui ne sont souvent qu'un assemblage (plus ou moins réussi) de signes de subversion délicate : lo-fi contre le tout technologique, histoires évasives plutôt que scenarios en béton, personnages en plein doute contre sportifs baraqués ou business women résolue, voix et arrangements hésitants en lieu et place de maestria instrumentiste, ironie et détachement plutôt que certitudes et engagement, erotisme diaphane plutot que sex-appeal hormonal.

On pourrait ainsi tracer une ligne de Sofia Coppola à Air pour relier les centres névralgiques de cette mouvance. On pourra y adjoindre l'electro-pop des princesses glacées d 'Au Revoir Simone, trio de new yorkaises à la beauté diaphane (merveilleusement mis en valeur par la pochette) et aux jambes interminables, trio venant tout les comme les impeccables Matt&Kim de Brooklyn.

On peut donc avec The Bird of Music (succédant au superbement nommé Verses of Comfort, Assurance and Salvation - en hommage à Depeche Mode ?) s'acheter une petite conduite indie, car tout est là, dosé à la perfection, sans véritable surprise : synthé antédiluviens, belles mélodies (le micro-hymne "The Lucky one" est une sorte un micro-tube), textes en demi-teintes, vocabulaire musical réduit à son plus simple appareil, minimalisme des arrangements.

Nous sommes dans la lignée des Stereolab, The Notwist, Lali Puna, et ce charme capiteux, cette grâce transparente s'exprime totalement lors de l'écoute de The Bird of Music, parfaite bande son vernale. Reconnaissons donc à ces artistes indie un grand talent pour exprimer si précisément des sentiments si subtils, si ténus.

On pourra reprocher à cette mouvance un peu de systèmatisation dans l'emploi de ces signes, systématisation qui peut donner un sentiment de superficialité. Et se questionner sur la typologie socio-culturelle monolithique des artistes et du public : à savoir une jeune bourgeoisie blanche de gauche, plutôt aisée. Et se demander si celle-ci ne perpétue pas, en creux, cet élitisme et cette condescendance intellectuelle que l'on peut reprocher à ses aînés.

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